Historique
Le moulin à eau d'Enscherange a toujours été là, ou du moins, depuis très longtemps. Sa trace la plus ancienne date de 1334, retrouvée lors d'un acte de délimination de terrain entre Laroche-Höffelt et le chevalier Guillaume de Clervaux.
La région de L'Oesling (Eislek / Ardennes luxembourgeoises) a toujours été un territoire économiquement lié à l'agriculture et à la foresterie. Il n'y a donc rien d'étonnant d'y retrouver des moulins à eau très anciens. La force hydrolique avec la traction animale étaient les seules méthodes simples pour moudre les grains de blés (ou créer de l'huile, le Luxembourg de l'époque acueillant de nombreuses huileries).
La date de 1334 est importante pour la région: Jean l'Aveugle (Roi de Bohême, Comte de Luxembourg, Roi titulaire de Pologne et "dernier chevalier") attribue à Wauthier de Meysenbourg, chevalier d'allégeance au roi, le droit de haute justice sur son domaine. Ce territoire s'étendant probablement entre Wiltz et Clervaux.
Le bâtiment comme nous le connaissons aujourd'hui date de 1824. Les recensemments de l'époque parle d'une réelle apogée des moulins sur le territoire luxembourgeois. On en dénombre pas moins de 660 au début des années 1800, dont rien que 115 pour la région. Cent ans plus tard, les moulins à eau ne seront plus qu'une centaine dans le pays. Le moulin d'Enscherange subira de nombreux changements techniques à travers les époques. Il était initialement équipé de deux roues à eau d'un diamètre de 3.80m fonctionnant sur le système de l'approvisionnement en par le bas. Une seule roue reste installée de nos jours.
Le 19ième siècle est primordial pour l'agriculture. La première moitié est vraiment considérée comme une préparation à l'industrialisation. On construit énormément, et le moulin d'Enscherange fait certainement partie de cette dynamique. Les productions de céréales augmentent fortement également. En 1845, de grands défrichements sont organisés. Ils dureront une dizaine d'année et près de 10% du territoire total de l'Oesling sera transformé en champs. Le Luxembourg exporte énormément en Belgique, et les prix des céréales restent très élevés sur les différents marchés.
En 1920, la famille Racké achète le moulin qui continuera à mouler le blé quotidiennement jusqu'en 1954. Le moulin, construit sur 2 étages, se caractérise par sa construction étroite et en hauteur. Au rez-de-chaussée, se trouve l'infrastructure de traction et de récupération des produits finaux. Au premier, on découvre les pierres de moulage et le filtrage se situe au deuxième étage. Après ceci, pendant une dizaine d'années, le bâtiment se transforma en lieu de vente pour les matières fourragères (vente de nourriture pour le bétail).
Ce n'est qu'en 1967 que Willy Racké, copropriétaire des lieux et meunier, décide de rendre le moulin à eau accessible au public et y propose de faire découvrir sa passion. C'est aujourd'hui grace à lui et l'entretien apporté au moulin que ce dernier fonctionne encore. Le moulin porte d'ailleurs défitivement son nom de famille. Willy Racké expliquera d'ailleurs que le moulin fut salvateur pendant les temps de guerre. Il permettait en effet aux habitants de continuer à se nourrir de pain et ainsi éviter la famine.
Willy Racké s'est éteint en 2018.
En 2003, le Tourist Center Robbesscheier devient propriétaire du Rackèsmillen, restaurant la bâtisse pour y intégrer un logement de vacances dans l'ancienne maison du meunier et intégrer la visite du moulin dans son programme d'animations pédagogiques et touristiques. La Millefest est également organisée chaque année depuis lors. Au mois d'août, elle fait la part à cette bâtisse d'exception en organisant des animations pour les familles, un petit marché local et des visites guidées du moulin.
Les récents travaux de rénovations ont commencé en 2019. Le Tourist Center Clervaux ayant eu l'opportunité d'acheter la maison attenante Al Molkereï (ancienne laiterie), la Rackèsmillen fait peau neuve. Elle accueille un gîte de vacances, une partie hôtelière et un restaurant.